Voici un conte de Noël que mon fils adore…
Un p’tit régime pour le Père Noël : conte de Noël
Dans quinze jours, c’est Noël. Dans sa maison, le Père Noël est tout content. Histoire de patienter, il a décidé d’enfiler son costume rouge et blanc. « Voyons comme je suis beau… » pense-t-il dans sa barbe.
– Oups ! Mais qu’est-ce qui se passe ? s’exclame-t-il. On dirait que mon costume a rétréci au lavage !
– Euh… dit Lutin numéro un, je crois Père Noël, avec tout mon respect, que vous avez un peu… grossi…
– Moi ? Grossi ? Avec des salades de brocolis, des flans de salsifis…
– Oui… ben, faudra changer de régime. En attendant, filez voir votre couturière.
Le Père Noël se précipite chez sa costumière : « chère Iris, vous qui êtes si forte pour rafistoler mes habits, j’ai un problème avec celui-ci. Pouvez-vous élargir un peu là… » Il montre son estomac. « Et ici, hein ? » Il désigne son popotin.
– Je suis très embêtée ! dit la couturière en se frottant le menton. Ce costume est dans votre famille depuis des générations. Et il est notifié qu’il doit rester ainsi pour l’éternité. On ne peut rien toucher, ni enlever. On ne peut pas faire d’ourlets ni repriser. Un Père Noël doit peser exactement quatre-vingt onze kilos et trois cent grammes. Posséder un tour de taille de…
– C’est bon, j’ai compris, dit le Père Noël en repartant chez lui.
– Je ne vois qu’une solution, Père Noël. Sauf votre respect… Vous devez maigrir, dit Lutin numéro un.
– Maigrir ? Mais… je ne sais pas maigrir…
– Vous devriez… Je ne sais pas moi… Faire du vélo, tiens ! Comme le facteur ! Lui, il est maigre comme un rouleau de papier cadeaux.
– Bonne idée ! Dit le Père Noël.
Et le Père Noël se met à pédaler comme un fou. Pendant cinq jours, il souffle, il transpire, il s’épuise. Mais quand il essaie de nouveau son costume, catastrophe ! Il n’a pas perdu un gramme !
– Aïe aïe aïe ! Plus que dix jours avant Noël. Je suis fichu ! Fichu, tu entends ! Ma carrière de Père Noël va s’arrêter pour quelques malheureux kilos en trop. Si c’est pas malheureux ! Et le Père Noël, dégoûté, s’écroule dans son canapé. C’est alors que passe Joséphine, sa voisine. Quand le Père Noël lui conte ses malheurs, elle déclare :
– Je vais vous faire de la soupe. Une soupe diététique que je tiens de ma grand-mère. Et là, je vous jure, c’est magique ! Et le Père Noël se retrouve attablé avec Joséphine à découper navets, carottes et courgettes en petits dés.
– Et hop ! Une pincée de perlinpinpin de ma grand-mère, et il n’y a plus qu’à attendre. Le Père Noël la regarde. Ses joues sont rosées, son nez un peu plissé, toute concentrée sur sa recette. Qu’elle est belle, mazette ! Alors, chaque matin, le Père Noël la rejoint chez elle et la regarde cuisiner. Puis, ensemble, ils vont bêcher le potager. Il faut sarcler, désherber, ratisser… Moi qui déteste jardiner, pense le Père Noël.
Au fil des jours, il transpire dans le potager, boit la soupe de perlinpinpin et surtout écoute battre son cœur. Mon cœur ne bat plus comme d’habitude, s’inquiète le Père Noël. Il bat plus fort. J’espère que je ne suis pas malade. Il est amoureux. De Joséphine, sa voisine. Et petit à petit, à force de trimer dans le potager, il perd un gramme, deux grammes, puis un kilo, trois kilos. Jusqu’à atteindre les fameux quatre-vingt onze kilos et trois cent grammes de tous les Pères Noël depuis des générations.
La veille de Noël, quand il enfile son costume, il tombe pile-poil. Il se précipite chez Joséphine : « merci. Vous m’avez sauvé ! Pour vous remercier, j’aimerais vous inviter… à distribuer avec moi… euh… les jouets par milliers.
– J’accepte volontiers, répond Joséphine en rougissant. Il y a des années que j’attends que vous me le proposiez…
Cette nuit-là, en survolant la Terre, le Père Noël est magnifique dans son costume bien taillé. Les yeux embués par l’air du ciel et par un brin d’émotion, il se tourne vers Joséphine : « acceptez-vous… voulez-vous… devenir la Mère Noël ? Murmure-t-il.
Et c’est depuis ce jour que la Mère Noël existe. Et j’espère bien que, comme moi, vous y croyez !
Auteur de ce conte de Noël : Agnès de Lestrade. Illustrations : Amandine Wanert.
Conte de Noël extrait de : Je lis déjà n° 251
Un autre conte de Noël : Le carnet d’adresses du Père Noël