Le phénomène Kidults : nostalgie et nouvelles tendances dans le monde du jeu

phénomène Kidults

On le sait, le jeu est pour les enfants un indispensable pour leur développement. Jouer permet en effet le développement moteur, cognitif, émotionnel et social. En France, on a relevé que les enfants passent en moyenne 1h30 par jour à jouer. Mais le jouet ne concerne plus uniquement les enfants aujourd’hui. De nombreux adultes continuent à jouer et collectionner des jeux à l’origine pour les enfants. Ce sont les Kidults, notamment les adultes entre 20 et 40 ans (et souvent plus âgées) qui aiment encore jouer.

Qu’est-ce que le phénomène Kidults ?

Si à l’origine, le fait de jouer avec des jouets d’enfant lorsque l’on est adulte était stigmatisé, il est aujourd’hui banalisé et accepté. C’est devenu, pour les adultes, un moyen de ressentir du bien-être, de s’éloigner des écrans et de s’échapper du climat social anxiogène. C’est un recentrage sur soi. Ce phénomène s’est amplifié avec le confinement. Et après ça, cela a continué. On a vu se multiplier les bars à jeux. Les jeux créatifs sont encore plus présents. La fréquentation des parcs d’attractions est en hausse.

Le jeu est devenu pour les adultes un moment de plaisir. C’est aussi un moment de nostalgie agréable qui est en lien avec la culture pop. Des jeux iconiques (les cartes Pokémon, Funko pop, Tamagotchi, Barbie…) sans oublier des jeux vidéo (Super Mario, The Legend of Zelda, Final Fantasy…) ont conquis les adultes.

On a aussi pu constater un réel engouement pour le videogaming, le retrogaming et les rééditions de consoles rétro (NES Classic Mini, PlayStation Classic). Les ventes de jouets destinés aux adultes ont augmenté de 42% ces dernières années (depuis 2020). Rien qu’en France, ce segment représente plus d’un milliard d’euros. Et ce phénomène n’est pas que local, il concerne le monde entier. En Asie, le marché explose. Des entreprises, comme Bloks Group, enregistrent des croissances phénoménales.

Une industrie qui s’adapte à cette nouvelle demande

Face à cet engouement, les entreprises du secteur du jouet et du divertissement ont compris l’opportunité que représentent les Kidults. Elles adaptent désormais leurs stratégies pour cibler ce public spécifique. Par exemple, des marques emblématiques comme LEGO ont lancé des gammes destinées aux adultes, avec des sets complexes comme les reproductions de monuments célèbres, de vaisseaux spatiaux issus de sagas cultes ou des collaborations avec des licences populaires (Star Wars, Harry Potter, etc).

Ces produits, souvent plus coûteux et sophistiqués, répondent au désir de nostalgie et à celui de relever des défis créatifs. Pour attirer encore plus ce public, LEGO propose également des initiatives attractives, permettant aux fans de trouver coupons et avantages LEGO sur des plateformes dédiées. Ces offres encouragent les Kidults à investir dans leurs passions tout en rendant l’expérience plus accessible.

De même, le secteur du jeu vidéo n’est pas en reste. Les éditeurs rééditent des classiques sous forme de consoles miniatures ou proposent des remakes modernisés de titres légendaires, tout en conservant l’esthétique et le charme de l’original. Cette vague de retrogaming ne se limite pas à la consommation passive : des communautés entières se forment autour de ces jeux, organisant des tournois, des événements en ligne ou des expositions dédiées aux machines et accessoires d’époque.

Un phénomène sociétal plus profond

Le phénomène Kidults reflète une évolution dans nos sociétés modernes. Dans un monde où le stress, les responsabilités et l’incertitude dominent, les adultes cherchent des moyens de retrouver une forme d’insouciance. Les jouets et jeux d’enfance deviennent des madeleines de Proust, des passerelles vers un passé perçu comme plus simple et plus heureux. Cette nostalgie est amplifiée par la culture pop, qui recycle sans cesse les icônes des années 80 et 90, décennies phares pour beaucoup de Kidults.

Mais il ne s’agit pas seulement de regarder en arrière. Les Kidults redéfinissent aussi la notion de loisir adulte. Jouer n’est plus vu comme une perte de temps ou une activité immature, mais comme une forme légitime de détente et d’expression personnelle. Les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans cette normalisation : sur Instagram ou TikTok, des milliers d’adultes partagent fièrement leurs collections de figurines, leurs défis de LEGO ou leurs exploits sur des jeux rétro, créant une communauté mondiale.

Les Kidults, entre passion et investissement

Pour certains, cette passion va même au-delà du loisir. Les objets associés au phénomène Kidults, comme les cartes Pokémon rares ou les éditions limitées de consoles, sont devenus de vrais investissements. Des marchés secondaires se développent, avec des ventes aux enchères atteignant parfois des sommes impressionnantes. Une carte Charizard en parfait état peut se vendre plusieurs dizaines de milliers d’euros, tandis que des consoles rétro encore dans leur emballage d’origine s’arrachent à prix d’or. Cette dimension spéculative attire aussi un public plus large, mêlant nostalgie et opportunisme économique.

Vers une redéfinition du jeu ?

Le phénomène Kidults interroge enfin notre rapport au jeu et à l’âge. Si jouer était autrefois réservé aux enfants, il devient aujourd’hui une activité transgénérationnelle. Les frontières entre l’enfance et l’âge adulte s’estompent, et le jeu s’impose comme un vecteur de lien social. Dans les foyers, il n’est plus rare de voir parents et enfants partager une partie de Mario Kart ou assembler ensemble un puzzle complexe. Cette tendance pourrait même influencer les générations futures, en légitimant encore davantage le jeu comme une composante essentielle du bien-être, quel que soit l’âge.

Les Kidults ne sont pas qu’une mode passagère. Ils incarnent une réponse à des besoins (nostalgie, évasion, créativité) en transformant l’industrie du divertissement. Loin de se cantonner à une niche, ce mouvement mondial redessine les contours du jeu et invite chacun à retrouver, le temps d’une partie, son âme d’enfant.